Mon fils est né en 2008. A 3 ans il allait en crèche 3 demi-journées par semaine, pour l’habituer progressivement à être séparé de nous et éviter le choc frontal en maternelle.
Il est rentré en maternelle et n’a jamais adhéré au système scolaire, impossible de faire la sieste, trop de monde pour lui, trop de bruit… Il avait du mal à se faire des copains. Tant bien que mal, il a fini la maternelle. Comme nous n’étions pas parti dans l’optique de faire l’école à la maison, nous avons poursuivi l’école classique. Il a fait sa rentrée au CP et l’état moral de mon fils s’est dégradé au fil du temps. Nous sommes toujours restés en lien avec l’école en participant à la kermesse, en accompagnant les enfants en sorties (piscine, musée…) et maintenant une bonne relation avec les instituteurs. Le papa est musicien et a fait une intervention à l’école. Mon fils n’arrivait pas à se faire beaucoup de copains, il se sentait très seul et a commencé à subir le harcèlement d’un élève. Nous avons organisé des sorties avec des camarades de classe, fait les anniversaires, des goûters… pour éviter qu’il ne soit trop à l’écart. En CM1 mon fils s’est de plus en plus renfermé sur lui-même et a commencé à nous parler d’envies de suicide ! Il était de plus en plus mal à l’école, ce qui se répercutait sérieusement sur notre vie de couple. Je récupérais mon fils abattu tous les soirs d’école. J’ai pris un rendez-vous avec la maîtresse qui me soumet l’idée que mon fils est possiblement autiste : je suis choquée par cette stigmatisation. J’essaie de lui faire entendre que mon enfant est malheureux à cause de l’école mais rien n’y fait, je prends un rendez-vous avec une psychologue pour aider mon fils et nous aider, et je vais moi aussi chez un psy…. La psy de mon fils ne décèle pas d’autisme, simplement un enfant très réservé. Les 4/5 séances lui font du bien, la parole se libère. Nous arrivons à prendre du recul, à nous recentrer et d’étudier plus calmement la situation. L’idée de l’école à la maison prend sa place dans nos têtes avec une école par correspondance. Nous soumettons l’idée à notre fils qui bondit de joie “enfin son cauchemar va s’arrêter”. Nous lui faisons une proposition, terminer sa primaire normalement, et faire l’école à la maison dès la 6ème.
Le CM2 se passe, la seule chose à laquelle pense mon fils, c’est que c’est sa dernière année de souffrance. Il tient bon, il se motive.
Il emporte des livres pour la récréation pour se sentir moins seul, parfois il joue avec les autres, le fait de savoir que la porte de sortie est là le rend plus léger.
Pour la 6ème, nous l’inscrivons dans une école à distance, ils font faire des tests pour évaluer son niveau, je ne suis pas inquiète mon fils travaille bien à l’école. Résultat : mon fils a un niveau CE2 en français et pour le reste c’est Ok. Il est scolarisé sur deux niveaux, pour éviter un grand écart. Il fera français CE2 et le reste en CM2. Il faut reconnaître que le niveau est très élevé.
Deux mois après nous avons la visite de l’assistante sociale, très gentille et pleine de bons conseils.
Je vois mon fils changer au fil du temps, il s’ouvre, il s’épanouit, fini les colères, les crises de nerf, il travaille bien, fait des progrès en français, devient de plus en plus autonome. Il retrouve la curiosité qu’il avait perdue, sa joie de vivre. Bref je revois des étincelles dans les yeux de mon enfant.
Nous passons plus de temps ensemble, nous pouvons adapter le temps de travail, j’ai vraiment l’impression d’être impliquée dans son apprentissage, j’apprends petit à petit à respecter son rythme, je me prends de passion pour ce rôle supplémentaire, je sais que je lui transmets des connaissances importantes pour son futur.
Nous faisons aussi des sorties nettoyages bord de mer ou montagne. Il apprend ainsi qu’il est important de respecter, les gens, la vie, la nature.
En dehors de ses études, il fait du sport dans un club deux fois par semaine, il a des copains qui viennent dormir à la maison et parfois c’est lui qui dort chez eux. Il va à des anniversaires, il a une vie sociale normale. Pour notre religion, on est Chrétien, on fête Noël en famille et on fait le repas de Pâques, sans plus. Il connaît les grandes lignes du christianisme mais on ne l’a jamais inscrit au catéchisme. Il aime bien de temps en temps allumer une bougie pour son papi, sa mamie et sa mémé qui sont morts, parce qu’ils lui manquent beaucoup.
On mange de la viande, du poisson, du pain, des légumes bio si possible, nous avons l’électricité, je suis propriétaire de notre logement, mon fils est vacciné.
Voilà, ma seule volonté, c’est que mon fils soit épanoui et heureux. Heureusement qu’il y a cette possibilité de faire l’école à la maison pour sortir d’un harcèlement et de la phobie scolaire qui en découle.
Je souhaite qu’il travaille bien à l’école, qu’il puisse faire les études qu’il souhaite plus tard. Qu’il reste la belle personne qu’il est, empathique, généreux, respectueux.