RESPONSABILITE

Nos deux enfants de 13 et 15 ans ont été deux ans instruits en “IEF” entre une fin de primaire où ils s’ennuyaient et le collège où ils sont désormais. En avance sur le programme, les deux passent le brevet cette année. Ces deux années ont été des années d’une grande richesse éducative pour nos enfants pendant lesquelles ils ont été plus que jamais au contact de la vie, la “vraie vie”. Du temps passé chez l’ébéniste de la rue pour voir, comprendre, récupérer du bois, faire valider leur projet avec l’équipe, préparer des repas pour les sans abris du quartier, et puis avec les autres enfants IEF  : au Louvre, au Palais de la Découverte, au parc floral. C’est aussi le moment où ils ont intensifié leur pratique sportive : 3 entraînements par semaine avec des camarades qui eux allaient à l’école et donc un groupe d’amis avec qui ils partagent les entraînements, les compétitions, les stages en intensif de vacances. Ils ont fait en quelques heures le matin le programme d’une année qui leur a laissé tous les après-midi pour rencontrer les autres, enfants, adultes, métiers, suivre leurs parents sur leur projet. Si c’est une période exigeante pour nous les parents qui avons dû être tellement disponibles et faire des choix notamment financiers drastiques (moins de salaire, mais moins de besoins aussi parce que l’on cuisine plus au lieu d’acheter tout fait, parce que l’on se prête des affaires avec les camarades, on a le temps de se voir, parce que l’on fait beaucoup de sport aussi : vélo, marche, parcours santé à Vincennes, les parents qui ont des talents les partagent avec les autres : groupe dans les parc de Paris pour faire de la botanique, repérer les espèces végétales, comprendre les éco-systèmes (non pas dans une salle de classe, et avec d’autres enfants qui sont là parce que ça les intéresse vraiment).

La vie à l’école nous paraît beaucoup plus une “sortie de la vraie vie”, ils sont toute la journée dans une salle de cours, avec les mêmes personnes, du même âge, ils ont moins de copains, et puis il y a ce bruit permanent, les professeurs qui passent leur temps à faire de la discipline, les violences dans les mots et parfois dans les gestes dans la cour, un peu livrés à eux même pendant les inter-cours. Aucun apprentissage à l’autre, au dialogue, au respect si ce n’est un cours théorique d’EMC mais aucun adulte pour le faire vivre au cours du jour. D’autres enfants blasés que cela n’intéresse pas, ou alors dans une compétition qui les laisse isoler les uns des autres. La plupart voit l’école comme une obligation, ils attendent que cela se passe, et ce manque d’enthousiasme général nuit aux apprentissages de tous.

L’IEF ce sont justement des enfants curieux, tout le temps dans le monde, la réalité, qui rencontrent quantité de gens, qui s’intéressent, qui questionnent, qui prennent des initiatives.

L’IEF ce sont des parents tous investis énormément pour leurs enfants, soucieux de les faire grandir de la meilleure manière possible. Une maman IEF me disait lors d’une sortie tous ensemble : “je veux que mes enfants se tiennent bien, soient polis, ne disent pas de gros mots, mais dans l’école du quartier – dans le 19eme à Paris- c’est terrible ce qui se passe dans la cour. Les mots, les gestes, les images qui circulent, le non respect des professeurs et la drogue à la sortie”. Ne parlons pas de l’école publique comme de l’école de l’égalité parce que ces familles là n’ont pas le choix de la carte scolaire et leurs enfants ne peuvent pas bénéficier de l’école des “bons quartiers”.

Imaginer les enfants enfermés chez eux avec leurs parents ne voyant que leur fratrie est risible parce que tellement à l’opposé de la réalité de tant de familles qui s’occupent de l’instruction de leurs enfants.

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