Tout destinait mes enfants à l’école.
Notre enfance et l’obligation pour nos parents de nous scolariser.
Notre parcours scolaire studieux et concluant.
Mon choix de devenir professeur, vocation née très tôt.
Et pourtant, ils n’y ont jamais mis les pieds.
Ce fut un hasard, une chance offerte par la vie.
Notre aîné était prêt pour la scolarisation. Ma formation n’avait jamais évoqué la possibilité pour l’enfant de choisir son mode d’instruction et pour nous parents de s’en charger. Mais le calendrier a tout bousculé. J’ai souhaité inscrire mon fils une année trop tôt. Et aujourd’hui je m’en félicite.
En voulant trouver une solution.
En voulant m’adapter à mon enfant et pourvoir à ses besoins.
J’ai découvert l’instruction en famille.
J’en ai parlé à mon mari.
Nous avons souhaité le proposer à notre enfant.
Nous avons construit notre projet.
Nous avons adapté toute notre vie à ce projet.
Arrêt de travail.
Agrandissement de la maison.
Enrichissement de l’environnement matériel et humain.
Faire l’instruction en famille nous a apporté sérénité et satisfaction. Le rythme familial était souple et fluide. Les apprentissages se déroulaient librement et naturellement. Nous avions du temps. Nous avons ainsi pu sereinement faire le choix d’agrandir la famille.
Aujourd’hui, nos enfants ont grandi. Ils ont tissé des liens. Ils évoluent dans la société avec leurs amis scolarisés et non scolarisés, non triés par le lieu géographique ni les revenus ni l’origine ou la religion de leurs parents. Ils sont ouverts sur le monde depuis toujours.
Nous restons désireux de nous investir dans leur éducation, c’est pour nous un investissement pour nos enfants mais aussi pour notre pays.
Mais l’article 21 va nous l’interdire.
Nous devrons devenir des assistés.
Nous devrons déléguer notre devoir de parents en matière d’éducation.
Nous devrons charger l’Etat d’instruire nos enfants alors que nous le faisons depuis toujours.
Nous devrons faire de nos enfants un poids supplémentaire pour le Service Public déjà en peine.
Nous devrons expliquer à nos enfants pourquoi l’Etat souhaite les priver de cette chance.
Nous devrons tenter de leur faire comprendre pourquoi l’Etat veut leur offrir moins dans un souci d’égalité des chances.
Car ils sont aujourd’hui instruits en famille par choix sans qu’aucune situation propre à l’enfant ne motive ce choix.
Ils ne sont pas inaptes ou inadaptés au système scolaire.
Nous ne sommes pas éloignés des établissements scolaires.
Nous ne sommes pas itinérants.
Leur cursus musical n’est pas suffisamment lourd.
Nous avons choisi l’instruction en famille par choix. Nous avons construit notre mode de vie en fonction de nos enfants. C’est pour nous la seule façon de leur offrir une instruction sur mesure et respectueuse de leur intérêt supérieur.
L’article 21 ne tient pas compte de nos enfants, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils souhaitent.
Je suis professeur des écoles en disponibilité. J’étais au service des parents pour instruire leurs enfants s’ils le souhaitaient.
L’article 21 transforme ce fondement, cette relation avec les familles, ma mission d’enseignant.
L’article 21 me permettra d’instruire de force tous les enfants sauf les miens.
Je refuse de devenir un gardien de prison.
Je refuse de priver mes concitoyens de leur devoir de parents.
Je refuse de rendre l’école obligatoire.
Je refuse de voir la France se priver de l’aide apportée par toutes ces familles.
Nos enfants ont droit à ce qu’il y a de meilleur. Ils n’ont pas besoin de raison pour cela.